Les aventures d'une Québecoise à Hawaii
Semaine du 7 février 2000.




Une autre petite semaine.

Je connais maintenant la date pour la soutenance de ma thèse: 7 avril! Je serai donc au Québec, dans les alentours, début avril... Razzia de CDs de Charlebois, de BD en francais, et de sirop d'érable en perspective...

Mardi, j'ai corrigé les épreuves de notre article sur les comètes Hyakutake et Hale-Bopp. Ça fait plus d'un an que ça traîne (délais presque inacceptables du côté de l'éditeur), mais on me demande de vérifier et corriger les épreuves en 48 heures! Au moins, ça veut dire que ça va être rapidement publié. Une bonne chose de réglée.

Jeudi, la libraire nous a encore attiré à une de ses présentations avec de la bière et des sodas... On a été un peu déçu qu'il n'y ait pas de beignes, mais bon, une p'tite bière à jeûn en plein milieu de la journée, c'est pas grave. La présentation portait surtout sur les droits d'auteurs, en particulier les nombreuses violations que tout le monde (ou presque) fait dans les pages Web, en copiant (sans demander de permission ou vérifier les droits d'auteur) des images, icônes, photos pigées ici et là. Tout le monde en prison, allez hop!

Vendredi, petit séminaire informel où j'ai présenté à mes collègues astronomes les problèmes sur lesquels je travaille présentement. Ce qui marche, mais surtout ce qui ne marche pas, ce qui ne colle pas avec des modèles connus ou des observations bien établies. A force de discuter et de répondre à leur barrage de questions, j'ai fini par trouver des idées, des confirmations, des solutions possibles et un peu beaucoup d'encouragement. A noter qu'il y avait 5 francophones, et 2 anglophones francophiles. Dans quelle langue ai-je fait ma présentation??? En français! Et oui! Tout n'est pas perdu! Surtout que mes acétates étaient en anglais, ce qui donnait au moins une idée générale de ce dont je parlais...



Samedi 12 février

Improvisation sur la côte ouest, c'est-à-dire du côté sec. J'avais en tête, pour ce samedi après-midi, d'aller visiter une reconstitution d'un village Hawaiien, à quelques milles de chez moi, côté sec. Inertie et paresse ont fait que je suis partie de chez moi trop tard, et que je suis arrivée 5 minutes après que le parc ait fermé, vers 16h00! N'étant pas sortie de la maison pour rien, j'ai continué ma route vers le nord, pour aboutir à un autre petit parc avec plage que j'avais déjà visité.

Je savais qu'il y avait, au sud de cette plage, un heiau de navigation, c'est-à-dire un "temple" (ici, une série de pierres disposées de façon précise et non un édifice comme tel) qui servait autrefois de point de repère pour les navigateurs, indiquant entre autre dans quelle direction se trouve les autres îles de la Polynésie.

J'ai alors sauté par dessus une clôture pour suivre la côte et essayer de trouver le heiau en question (qu'on voit d'ailleurs de la route). J'en ai eu plus que pour mon argent!

Près de l'océan, sous les arbres, je suis rapidement tombée sur des ruines d'un village hawaiien! Des petits murs de pierre, d'environ 1 mètre de haut, délimitent l'emplacement des anciennes maisons. Les murs et le toit, faits de branches et de feuilles (de palmiers ou autre arbre) reposaient jadis sur ces solides structures de pierre, puisqu'il suffit de se protéger du vent et de la pluie. Les arbres ont envahi l'endroit, mais les restes du village sont bien visibles.

De temps en temps, je me suis arrêtée pour admirer les vagues et les sculptures qu'elles ont faites dans la roche volcanique: des "marmites" circulaires, de petits ponts sous lesquels l'eau passe, des trous d'où jaillissent des geysers lorsqu'une vague puissante cherche une porte de sortie. Et puis tout d'un coup, j'ai vu des baleines! Pleins de baleines, peut-être une bonne douzaine! J'ai vu plusieurs jets, des nageoires dorsales et des queues, mais à plusieurs reprises, les baleines ont carrément sauté hors de l'eau, retombant dans la mer sur le côté, dans une gerbe d'éclaboussures. J'avais mes jumelles, et je n'ai pas regretté des les avoir trimbalées, car le spectacle était tout à fait remarquable et excitant. Je n'avais jamais vu de baleines sauter ainsi hors de l'eau, j'ai été agréablement surprise de ce spectacle!

Comme l'heure avançait et que je voulais atteindre le heiau bien avant le coucher du soleil, vers 18h00, j'ai continué mon chemin parmi les kiawe, des arbres tortueux à l'allure déséchée, arborant de très petites feuilles... et des épines! J'avais bien sûr remarqué ces épines agressives et respectables (2-3 cm) sur les branches, mais je les ai encore plus remarquées lorsque j'ai mis le pied sur un petit bout de branche qui arborait une épine très bien aiguisée... ça a percé la semelle de mon soulier! Ayoye! Je l'ai sentie avant que ça transperce mon pied en tant que tel, heureusement! Par la suite, j'ai fait attention de ne pas marcher trop vite pour sentir toute aiguille avant qu'elle ne fasse gros bobo.

J'ai finalement trouvé et atteint le heiau, situé un peu en hauteur, bien visible des environs et de l'océan... un tas de pierres hautes de 1 ou 2 mètres, rien de bien impressionnant en tant que tel, mais la disposition de ces pierres a certainement nécessité des connaissances précises et poussées de la position des îles, et probablement aussi de la position des étoiles comme point de repère.

Objectif atteint, retour à la plage, ce qui a pris moins d'une demi-heure. Je suis arrivée un peu avant le coucher du soleil, que j'ai admiré tout en me faisant joyeusement bouffer par des maringouins. Pendant que certains pelletent un mètre de neige à quelques milliers de kilomètres d'ici, moi, je me fais manger tout rond (une bonne vingtaine de piqûres!) par les moustiques... Il n'y a pas d'endroit parfait...



Dimanche 13 février

Cinéma à Waimea, "Snow falling on Cedars". Excellent. Histoire bien racontée, personnages tout en nuances, contexte historique intéressant (ce qui est arrivé aux citoyens américains d'origine japonaise avant, pendant et après la 2e guerre mondiale), très belle photographie et prises de vue. Tout le monde braillait à la fin...

Ah oui, j'ai aussi failli me faire tuer par une sacoche...

J'étais assise au milieu d'une rangée, attendant dans la pénombre que les annonces de films à venir se terminent. Le cinéma était assez bien rempli (c'est-à-dire pas rempli du tout pour un cinéma à Montréal), la moitié de la salle connaissant l'autre moitié (c'est pas très grand, Waimea) et se faisant de gros "bye-bye". Jeans bleu foncé, chandail noir, enfoncée dans mon siège, je passais plutôt inaperçue.

Voilà-t-y pas qu'un couple choisit la rangée où j'étais et avance vers le milieu de la salle. "Elle", avec sa grande sacoche en osier, s'assoit sur le siège tout juste à la droite du mien; un peu bizarre, vu que nos instincts ancestraux nous poussent généralement à laisser un ou 2 sièges libres de chaque côté du nôtre. De toute évidence, elle ne m'avait pas vue, mais alors là, pas du tout, parce que voilà-t-y pas qu'elle me balance sa sacoche en pleine vigure, voulant la déposer sur le siège que j'occupais!

"Oh! I'm sorry! I didn't see you!". Ben oui, de toute évidence... Pas bobo sauf à mon ego. Mais la prochaine fois, je m'habille en blanc, avec une veste en tissu réflecteur et fluorescent, et un chapeau piqué de petites lumières rouges et clignotantes...

Très bon divertissement, donc (le film, pas l'épisode de la sacoche). On m'avait dit que Waimea était un vide total côté culture et activités, mais je dois corriger imméditement ce préjugé... Ce n'est pas le vide total! Cinéma à toutes les fins de semaine, et je dois avouer que j'ai vu plus de films depuis 6 mois qu'en 5 ans à Montréal... Fin janvier, je suis allée à un concert de quatuor à cordes (j'ai oublié de raconter ça: très bon, excellente technique, quatuor renommé, programme varié et intéressant)... Concert de piano mi-février (que j'ai manqué)... Cirque de Chine plus tard... Deux ou 3 pièces de théâtre ou comédies musicales par an, ici à Waimea... Festivals par-ci et par-là... pas de quoi s'ennuyer, en tout cas pour moi...



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© Nadine Manset
Dernière mise à jour:23 février 2000.